vendredi 11 avril 2008

Prenons exemple sur Israël


Israël, pays symbole de l'espoir post-Shoah, commémore une seule fois par an le génocide des siens, et d'une manière on ne peut plus solennelle. Pendant 2 minutes, tout le pays s'arrête, le silence se fait et les corps s'immobilisent. La France, quant à elle, la commémore 5 fois par an, et ses responsables s'épanchent en discours tous plus longs et ennuyeux... pour ne pas dire obscènes, comme l'écrivit l'historien Pierre Nora au sujet des commémorations du 60ème anniversaire de la libération d'Auschwitz.

« "Entretien avec Pierre Nora : la fièvre médiatique des commémorations
Propos recueillis par Christian Delporte et Isabelle Veyrat-Masson
Q : Qu'avez-vous pensé de la couverture médiatique du 60è anniversaire de la libération des camps ?
R : Pour moi, le plus frappant concerne les images de télévision. Durant quelques jours, en effet, nous avons été collectivement confrontés à un déluge d'images insoutenables qui donnaient un sentiment à la fois d'écrasement, de simultanéité, de percussion tragique, un flot d'images d'horreur auquel personne ne pouvait échapper, devant lequel nul ne pouvait réagir. Avec les émissions en direct d'Auschwitz où le journaliste s'exprimait depuis la porte des camps, la mise en scène télévisuelle confinait même parfois à l'obscénité. Bref, nous avons assisté à une sorte de concentré de ce que les médias font de pire lorsqu'ils jouent sur l'émotion du public, comme on l'avait vu, quelques temps plus tôt, au moment du tsunami où la télévision se bornait à exciter la compassion. Du tsunami à l'anniversaire de la libération d'Auschwitz, la télévision a exploité les mêmes registres émotionnels, sans le moindre discernement. Car, à aucun instant les images d'horreur déversées sur l'écran n'ont été mises en contexte, historisées, expliquées. »[1]

Prenons exemple sur le pays dont les habitants ont été les plus touchés par la Shoah, et cessons de commémorer comme nous le faisons, à savoir trop et trop longtemps, le génocide. Prenons exemple sur Israël, nous alimenterons bien moins d'antisémitisme qu'avec ces multiples cérémonies souvent indécentes.

[1] Le Temps des Médias, n°5, automne 2005, dossier Shoah et Génocides.